Je t'attends

 

 

Mouvance houleuse et déchaînée,
Élément qui fascine, me terrorise,
Face auquel, seule, tout échevelée,
Je guette l'étendue des vagues grises.

Frêle vigie je brave sans ciller l'océan,
Espérant apercevoir au loin tes voiles
Gonflées sous les vents rugissants
Révélant la blancheur de leur toile.

Mon amour, ton absence si cruelle
Me taraude douloureusement l'âme,
Chaque fois que tu me quittes pour elle,
Me laissant seule, meurtrie, en larmes.

Folle d'angoisse, tremblante de peur,
Je scrute l'horizon voilé de brume
Où, quelque part, tu braves la fureur
Des vagues aux crêtes frangées d'écume.

Le froid qui lacère et glace mon corps
Me transforme en vacillante statue,
Courbée parfois, tant il est cruel, retors,
Alors que j'espère ton retour, ta venue.

Passent les heures, longues, intolérables
Et puis soudain mon être déchiré chavire
Car, une silhouette, tout juste identifiable,
Surgit au loin telle une proue de navire.

La joie me gagne, je trépigne et danse
Folle de bonheur devant ton approche.
Je m'élance vers la plage de sable, l'anse
Où, bientôt, ton bateau frôlera les roches.

Je suivrai sa course, donnant de la voix
Alors que sur le pont ton visage me sourira.
Je laisserai couler enfin des larmes de joie,
En attendant que tu me prennes dans tes bras.

Guy Vigneau